Côte d'Ivoire : calme précaire, l'ONU dénonce des «violations massives des droits de l'homme»

C'est aujourd'hui lundi 20 décembre 2010 à New York que doivent avoir lieu les discussions sur le renouvellement du mandat de la mission de l'ONU en Côte d'Ivoire. Un rendez-vous sans lien avec l'injonction émise par Laurent Gbagbo ce week-end de voir l'Onuci et la force Licorne quitter le pays. Ces discussions étaient prévues de longue date car le mandat de la mission expire officiellement le 31 décembre prochain. Sur place, on constate une détérioration de la situation politique et sécuritaire. Ces derniers jours, d'après l'ONU, les violences ont fait plus de 50 morts et 200 blessés. 

En apparence, pas une vaguelette ne vient rider les eaux calmes de la lagune Ebrié. Que ce soit chez les proches de Laurent Gbagbo, ou dans l’entourage d’Alassane Ouattara, chacun jure qu’il fera tout pour éviter de faire couler le sang des Ivoiriens et que la violence ne peut venir que du camp adverse.

L’homme le plus visible de ces derniers jours, Charles Blé Goudé, a tenu ce week-end des meetings à Yopougon et à Port-Bouët pour mobiliser les jeunes. Si le nouveau ministre n’a rien perdu de sa verve nationaliste, et qu’il ne rate pas une occasion pour fustiger Nicolas Sarkozy, qui selon lui traite Laurent Gbagbo comme un modeste sous-préfet, l’ancien leader étudiant promet que la résistance contre les troupes étrangères se fera pacifiquement.

« Violations massives des droits de l'homme »

Du côté de l’hôtel du Golf, où sont retranchés Alassane Ouattara et ses ministres, on assure qu’une offensive des Forces nouvelles n’est pas à l’ordre du jour. Mais l’on dénonce avec force les tueries de masse perpétrées par « les milices à la solde d’un régime illégitime aux abois ». Une accusation en partie corroborée par les Nations unies. Selon la division des droits de l’homme de l’Onuci, depuis plusieurs jours les exécutions sommaires et les enlèvements de militants du RHDP se multiplient à Abidjan et dans les environs.

Les violences perpétrées durant ces trois derniers jours ont fait plus de 50 morts et plus de 200 blessés, selon un bilan donné dimanche 18 décembre par la Haut Commissaire des Nations unies aux Droits de l'homme. Navi Pillay parle de « violations massives des droits de l'homme » et notamment d'enlèvements commis la nuit par des individus armés non identifiés qu'accompagnent des membres des forces de défense et de sécurité fidèles à Laurent Gbagbo. D'après les informations du Haut Commissariat, les personnes enlevées seraient détenues au secret et en dehors de tout cadre judiciaire, tandis que d'autres auraient été retrouvées mortes.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a prévenu Laurent Gbagbo de « conséquences » si ce dernier s'en prenait à l'Onuci. Ce qui a donné évidemment satisfaction au gouvernement d'Alassane Ouattara, comme l'a exprimé son porte-parole.

En revanche, aux yeux d'Alcide Djédjé, ministre des Affaires étrangères du gouvernement de Laurent Gbagbo, l'Onuci a contribué à « empirer la crise » en Côte d'Ivoire.

 

En raison de l'abondance exceptionnelle de réactions et de la violence de certains propos, nous ne sommes pas en mesure de publier vos commentaires.

Partager :