Madagascar : l'armée met fin à une tentative de mutinerie

L'armée malgache a mis fin samedi 20 novembre 2010 sans effusion de sang à une tentative de mutinerie d'un petit groupe d'officiers, qui appelait depuis quatre jours, sans aucun écho, à renverser le régime d'Andry Rajoelina.

Environ 400 militaires ont pris d'assaut en fin d'après-midi une caserne à environ 15 km en périphérie de la capitale, où étaient réfugiés une vingtaine d'officiers affirmant avoir « suspendu toutes les institutions » du pays. L'opération a duré environ une heure et a donné lieu à quelques échanges de tirs. Equipés de kalachnikovs et pour certains cagoulés, les soldats ont pénétré sans difficulté dans le camp du Bani (Base aéronavale d'Ivato). Ils ont ensuite quitté les lieux sous les applaudissements de la foule.

L'intervention s'est déroulée « assez facilement,  selon Alain Ramaroson, un proche d'Andry Rajoelina, car le camp n'était pas entre les mains du groupe », qui était en fait « retranché au domicile » de leur chef, le général Noël Rakotonandrasana. « Nous ne pouvions pas ne pas agir face à cette situation grave portant atteinte à la sûreté de l'Etat », a justifié dans la soirée le Premier ministre Camille Vital.

« Ces officiers égarés sont nos compatriotes. Ainsi nous avons cherché par tous les moyens à éviter toute confrontation armée », a-t-il expliqué, soulignant avoir « privilégié la solution négociée tout en restant ferme ». « La voie choisie a été payante puisque cette crise s'est dénouée par la reddition des mutins sans effusion de sang ni perte de vie humaine », s'est félicité Camille Vital, qui a précisé qu'ils seraient traduits en justice.

Des putchistes peu ordinaires

A la tête d'une vingtaine d'officiers, le général Rakotonandrasana, un ex-ministre des Forces armées et général sans affectation, avaient affirmé avoir « suspendu toutes les
institutions
» de la Transition. Ces déclarations surprenantes, faites au micro de quelques journalistes convoqués à la va-vite au Bani, ne se sont traduites en rien dans les faits. Elle sont restées totalement lettre-morte, avec l'absence de soutien de l'armée et la poursuite des activités habituelles dans tout le pays et à Antananarivo.

Pendant quatre jours, et jusqu'à l'intervention de ce samedi, la situation est ainsi restée parfaitement normale autour du camp de ces putchistes peu ordinaires, qui multipliaient dans les médias leurs promesses de rallier leurs frères d'armes ou de « prendre la
présidence
 ». Samedi matin encore, le général Noël Rakotonandrasana réaffirmait être déterminé à aller « jusqu'au bout », malgré l'échec visible de son action, tout en se disant « serein » sur la suite des évènements.

Des négociations étaient en cours avec l'état-major, alors que Andry Rajoelina avait très vite prévenu que l'Etat prendrait « ses responsabilités » face aux « velléités de troubles de certains ».
Avec AFP

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