Lors d’un entretien à RFI, diffusé le jeudi 11 novembre 2010, Ahmed Marzouki a raconté l’incident dont il a été victime dans la capitale belge : « Tout d’un coup, j’ai senti quelqu'un me prendre par le cou en essayant de me déstabiliser. Je me suis accroché puis un autre est venu et m’a balayé. Je suis tombé, ils ont commencé à me rouer de coups. Ils visaient particulièrement la tête. Ils s’acharnaient sur moi avec une telle violence que, franchement, je me suis dit que ' ça y est '... ».
Ahmed Marzouki a ajouté qu’il a eu à peine le temps « d’entrevoir la main » de l’un des deux agresseurs « qui tenait un couteau ». Ensuite, « une femme a commencé à crier et ses cris ont alarmé les passants et des gens qui étaient assis dans les cafés, et ils ont accouru. C’est à ce moment-là qu’ils se sont relevés et ils ont pris la fuite ». Selon Ahmed Marzouki, « certains témoins oculaires ont dit qu’ils étaient couverts par trois autres et que c’étaient, bien-sûr, des gens bien bâtis et de grand gabarit, des gens très entraînés. Moi je dis qu’ils étaient des professionnels ».
« Une agression gratuite »
Ahmed Marzouki a du mal à s'expliquer l’agression dont il a été victime à Bruxelles : « C’est de la lâcheté. Je suis vraiment scandalisé. D’autant plus que moi, je ne suis pas un opposant. Al-Jazira m’a présenté comme opposant, moi je milite pour ma cause. On est les grands oubliés de cette Instance équité et réconciliation (IER) et nous avons perdu cinq camarades qui sont morts dans l’indifférence totale. Nous n’avons pas de ressources, nous n’avons pas de quoi vivre et, voilà, l’IER a réglé le dossier de tous les détenus civils, sauf nous. On est maintenant une poignée. Nous ne restons plus que 22, plus quelques ayants-droits. Nous réclamons notre droit. Ni plus, ni moins. Donc, ça rentre dans le cadre de la résolution d’un dossier. Ce sont des choses que j’ai dit une centaine de fois au Maroc, sans jamais être agressé, ni inquiété ». L’IER a été instituée par les autorités marocaines en janvier 2004 pour faire la lumière sur les disparitions et les détentions arbitraires survenues sous le régime du roi Hassan II, entre son accession au pouvoir en 1956 et sa mort en 1999.
Ahmed Marzouki, ancien militaire né en 1947, est l’auteur du best-seller Tazmamart, cellule 10, où il décrit ses 18 années d’enfermement dans ce sinistre bagne situé en plein désert, au sud du Maroc.