Ce sont des femmes aux yeux toujours embués et au sourire fêlé. Certaines ont été violées en pleine rue, d’autres enfermées des jours durant, pour être utilisées comme esclaves sexuelles par les soudards du pouvoir. Oumou, une mère de famille d’une quarantaine d’années, n’a toujours pas surmonté le traumatisme :
« Ce qui s’est passé le 28 septembre, j’ai l’impression que pour moi c’est pas encore fini, quand je pense à tous ces militaires qui sont passés sur moi, ça me traumatise. Mon mari m’a quitté, je me sens seule, ma vie s’est arrêtée le 28 septembre, c’est terrible…
A la tragédie du viol s'ajoute la marginalisation sociale
J’ai pensé, sincèrement, à me suicider, heureusement j’ai pensé à mes enfants. Finalement, je me dis, tu te fais ça, toi peut-être ça va être réglé, mais pour tes enfants, ils n’auront personne à côté… C’est un cauchemard et le cauchemard continue ».
Pour toutes ces femmes comme Oumou, à la tragédie du viol, s’est ajoutée la marginalisation sociale. Pour elles, si l’espoir de voir la Guinée passer d’un régime militaire à un pouvoir civil est réel, il n’est en revanche pas question de pardonner.