Depuis le week-end dernier, tous les expatriés ont quitté le site d'Arlit, au Niger. Les employés nigériens d'Areva, eux, sont toujours là. Ce sont eux qui continuent d'extraire l'uranium pour le compte du groupe français. Leurs conditions de travail n'ont pas changé, mais aujourd'hui, ils font part de leurs inquiétudes. Interrogé par RFI, Ahacen Almoustapha, employé nigérien sur le site d'Arlit et président de la Coordination des organisations de la société civile d'Arlit, livre un témoignage accablant.
Déjà un employé tué au mois de mai
Le 11 mai dernier, un hydrogéologue parti pour une opération de mesures avec un assistant et un militaire en armes est tué par des bandits. « Notre collègue est parti faire sa tournée habituelle avec un militaire, raconte Alhacen Almoustapha. Ils ont été attaqués par des hommes armés qui ont tiré sur eux, et malheureusement, il est mort sur le champ. Le militaire a été blessé, et les assaillants ont pris le véhicule ». La scène s'est déroulée à une dizaine de kilomètres au nord-est d'Arlit, il y quatre mois. Jointe par RFI, une porte-parole d'Areva a confirmé les faits, et a précisé qu'à l'époque, cela n'avait fait l'objet que d'une simple « communication en interne ». Une communication destinée donc aux seuls employés du groupe. La mort de cet employé n'est en fait qu'un élément de plus qui confirme ce que chacun savait déjà : l'insécurité est permanente sur le site, où les attaques sont fréquentes.
Vols et rançonnages
Dans une lettre adressée au drirecteur général d'Areva au Niger et datée du 21 septembre, la Coordination des organisations de la société civile d'Arlit se plaint notamment des « vols et des rançonnages de passagers » à l'intérieur de la cité minière. Le quotidien, pour Alhacen Almoustapha : « il y a eu plusieurs vols de véhicules d'Areva sur les chantiers ou dans les maisons. On vient, on réveille les gens, on leur prend les véhicules... On a même volé une voiture de la Caisse de sécurité sociale, et l'agent qui était à l'intérieur a été gravement blessé ».
Outre ce type de vols, les équipes en mission aux abords de la cité minière se font régulièrement assaillir par des groupes de bandits : « ils pillent les gens, explique Alhacen Almoustapha, ils prennent leurs biens, leur téléphone, tout l'argent qu'ils trouvent, et parfois ils repartent aussi avec le véhicule ». Mais, même après les attaques en série, et même après le meurtre d'un employé, Areva n'a pas jugé nécessaire de renforcer les dispositifs de sécurité à Arlit. Le groupe argumente aujourd'hui en rappelant que « les 350 militaires et gendarmes devant assurer la sécurité du site étaient déjà en place ».
« On ne peut pas continuer dans cette psychose »
A présent, les salariés nigériens d'Areva à Arlit demandent au groupe français d'assurer, enfin, leur sécurité. « On a de quoi être inquiets !, s'agace Alhacen Almoustapha. Il faut mettre les gens dans des conditions normales de travail, on ne peut pas continuer dans cette psychose ». Après la prise d'otage de sept civils dont cinq Français, la semaine dernière, Areva a affirmé avoir procédé à un renforcement des dispositifs de sécurité. Sur place, la société civile constate effectivement une augmentation du nombre de véhicules militaires circulant dur le site, mais continue de demader « l'augmentation du nombre de vigiles dans les cités minières » et l'envoi de renforts militaires. Pour cela, elle appelle la direction d'Areva à « se mettre en rapport avec les forces de sécurité et de défense nigériennes afin de dégager des moyens humains, matériels, et financiers à la hauteur».