Le dispositif français
Il y a actuellement 80 militaires français basés au Niger, pays voisin du Mali. Tous sont installés dans l’un des principaux hôtels de Niamey. Ces militaires français sont répartis en 5 équipages. A leur disposition, ils ont trois avions français de reconnaissance, des « Bréguets atlantique ». L’un des appareils français vient du Sénégal.
Les appareils ont déjà effectué un peu plus de 20 heures de vol selon nos sources. Le ciel se dégage. D’après des informations recoupées, on situe les otages dans une zone montagneuse, dans le désert malien, des montagnes adossées à l’Algérie voisine. On sait aussi que dans le vaste Sahara, commun à plusieurs pays, les ravisseurs sont chez eux et sont très mobiles.
A Paris, de source officielle, on indique qu’on fera tout pour libérer les otages. Cela laisse à penser qu’une fois précisément localisés, il faudra aller les chercher. Bamako a autorisé tous ses voisins à user de leur droit de poursuite en territoire malien. La Mauritanie l’a déjà fait et le Niger a intégré cette donne. Alors à quand le tour de la France ?
La bavure mauritanienne
La Mauritanie est la première à avoir déployé des unités de combat depuis vendredi 17 septembre dans la région de Tombouctou. Mais au lendemain de combats meurtriers pour ses hommes, l'armée mauritanienne a changé de stratégie, optant désormais pour des frappes aériennes.
Pour ses responsables, les raids aériens de dimanche ont déjà permis de détruire trois véhicules d'al-Qaïda au Maghreb islamique et fait des victimes. Mais loin d'atteindre de prétendus terroristes, l'opération semble être une véritable bavure comme le raconte Mohamed Lamine Ould Sidate, maire de la localité de Ber, joint par RFI : « l’aviation mauritanienne est passée et a tiré une rafale. Le chauffeur dit que quand il a eu la première rafale, il s’est arrêté et que les gens sont descendus. L’avion a alors fait demi-tour et les a pris pour cible une deuxième fois. Deux femmes sont mortes. La petite a eu les pieds amputés et elle a fini par succomber à ses blessures à l’hôpital. Elle avait onze ans. Sa mère aussi est décédée. Une autre femme a été blessée au niveau des cuisses… ». Quatre hommes auraient également été blessés.
Alors que l’armée mauritanienne dément tout bombardement de cibles civiles, du côté malien certains s’insurgent comme Assarid Ag Imbarca-Ouane, deuxième vice-président de l'Assemblée nationale du Mali. Député de Gao, il est aussi membre de l'Adéma, dans la mouvance présidentielle. Selon lui, il s’agit d’une bavure : « C’est un véhicule de transport qui a été loué par ces civils et ces civils ont été systématiquement bombardés par un avion mauritanien. En ma qualité de député à l’Assemblée nationale du Mali, je pense que faire la chasse à AQMI est une chose mais tuer des civils du Mali est autre chose. Je pense personnellement que c’est une bavure. Tant qu’il n’y a pas une stratégie concertée par rapport à cette affaire il va être difficile d’y faire face le plus correctement possible…. La Mauritanie est un pays ami, nous sommes solidaires de la Mauritanie mais je n’accepte pas que la Mauritanie tue des civils maliens ».
Au Niger, près d'une semaine après l'enlèvement des sept employés du groupe Areva, cinq Français, un Malgache et un Togolais, la cité minière d’Arlit , dans le Nord est encore sous le choc. Ecoutez le reportage de notre correspondant.
Un vigile de la société Areva, celui qui a été en contact avec les ravisseurs raconte l'enlèvement : «J’étais là dans cette salle quand j'ai vu la poignée de la porte bouger et je les ai vus entrer. Ils m’ont fait 'haut les mains !'. Ils avaient tous des kalachnikov. Ils étaient sept en tout, deux Noirs et cinq de teint clair qui parlaient l’arabe. Ils sont en djellabas et portent des turbans et de longues barbes. Les deux Noirs, ce sont eux qui m’ont parlé en hausa. Ils m’ont dit ' Où sont les Blancs. Si tu ne nous les montre pas au nom de Dieu on va te tuer ! '. Je leur ai dit qu’il n’y a pas de Blanc dans cette maison. L’un a dit ' Je sais où sont les Blancs. On va y aller, mais c’est toi qui va sonner à la porte '. Avant d’y aller, un autre s’est approché de moi, et il m’a parlé en tamachek . Je lui ai dit que je ne comprends pas le tamachek. Ils m’ont emmené chez le couple français. J'ai sonné, j'ai sonné… après ils m’ont emmené vers la porte du jardin. On était là en train de forcer la porte quand j’ai entendu les cris de la femme blanche. Leurs complices avaient déjà cassé l’autre porte pour les attraper elle et son mari. Et j’ai vu quand ils ont mis la femme dans leur voiture ».