RFI : Quel sera votre message à la réunion de l'ONU sur les OMD et que peut faire l'Union européenne pour accélérer leur mise en œuvre?
Andris Piebalgs : Notre message va être clair : il est possible de réussir le pari des Objectifs du millénaire d'ici 2015. Nous n'avons pas le choix. La lutte contre la pauvreté est notre affaire à tous, et nous avons tous, pays développés comme en développement, intérêt à l'éradiquer. L'Union européenne est le premier donateur au monde, contribuant à 56 % de l'aide mondiale. Nous nous sommes engagés, et nous allons le répéter à New York, à augmenter notre soutien pour atteindre l'objectif fixé de dédier 0,7% du PIB à l'aide au développement d'ici 2015. Notre deuxième message sera celui de la coresponsabilité : de fait, l'aide ne suffira pas, et nous ne réussirons pas seuls. Nous devons travailler en partenariat entre donneurs et pays en développement. Enfin, nous allons rappeler que pour réussir le développement économique et social, les gouvernements des pays en développement doivent définir leurs propres stratégies en fonction de leurs priorités et besoins. C'est dans cette optique que la Commission est prête à fournir un soutien financier supplémentaire d’un milliard d'euros pour aider les efforts pour réussir les Objectifs du millénaire.
RFI : Quel est selon vous le bilan de ces dix dernières années?
Andris Piebalgs : Le tableau est mixte. Il y a eu des progrès dans la lutte contre la pauvreté, mais nous sommes encore loin du compte. Tout le monde connaît les tendances positives en matière de scolarisation des enfants, d'accès à l'eau ou de lutte contre la faim, et les objectifs qui accusent encore des retards comme ceux sur la santé maternelle et la mortalité infantile. Nous sommes conscients que ces derniers sont une priorité, comme en témoignent les déclarations de Ban Ki-moon [le secrétaire général des Nations unies, ndlr]. Les raisons en sont nombreuses, et varient d'un pays à l'autre. On peut citer les conflits, les effets du changement climatique et des catastrophes naturelles, les questions de gouvernance, le manque d'infrastructures - entre autres. Nous devons donc nous attaquer à l'ensemble de ces questions.
RFI : Quelles sont les priorités concernant l'Afrique ?
A. P. : La contribution européenne d'un milliard d'euros concerne spécifiquement les pays d'Afrique, Caraïbes et Pacifique. Les pays les plus en retard quant aux Objectifs du millénaire sont majoritairement situés en Afrique sub-saharienne. L'UE va apporter une attention particulière à ces pays. Nous voulons d'un côté soutenir ceux qui enregistrent une bonne performance grâce à des stratégies nationales claires et, de l'autre, aider les plus fragiles. De nombreux domaines sont prioritaires, comme la sécurité alimentaire, mais sur le long terme, nous devons travailler ensemble à créer les conditions nécessaires à la croissance pour le développement économique, social et environnemental de ces pays.
RFI : Pensez-vous que les réunions du G20 peuvent contribuer à accélérer la lutte contre la pauvreté et la faim ?
A. P. : Le G20 comprend les pays donateurs et les pays émergents. Il constitue un forum pertinent pour que ces pays discutent des problèmes et des meilleures façons d'y faire face. Il donne corps au principe de partenariat et coresponsabilité. En ce sens, le G20 contribue de façon efficace à la lutte contre la pauvreté.