En théorie, la mission de maintien de la paix au Darfour bénéficie du «chapitre 7», qui autorise les casques bleus à utiliser leurs armes en dehors du seul cas de légitime défense. Mais en fait, ce qui pose problème, ce sont toutes les règles imposées par le régime soudanais. Ainsi, par exemple, la Minuad (la force hydride de maintien de la paix au Darfour de l'Union africaine et de l'ONU), qui dispose par exemple d'hélicoptères d'attaques fournis par l'Ethiopie, ne peut les faire décoller sans obtenir préalablement une autorisation de Khartoum. Même chose pour l'utilisation de l'armement.
Ces contraintes ont empêché une riposte aérienne décidée par le général rwandais, commandant de la Minuad, quand ses casques bleus ont été attaqués il y a environ deux mois. La plupart des missions de maintien de la paix constate un observateur,« ont évolué dans des pays où l'Etat est en faillite : Sierra Leone, Liberia, RDC, Burundi ». Elles bénéficient de ce fait d'une grande marge de manœuvre. Au Soudan ce n'est pas le cas. L'Etat est fort et dispose d'une bonne administration.
En menaçant de ne plus prêter de troupes, Jonathan Goodluck cherche peut être à rappeler l'importance du Nigeria, pays gros contributeur de troupes. La déclaration peut aussi servir à soutenir les soldats nigérians au Darfour, cibles de critiques depuis que 60 d'entre eux, tombés dans une embuscade, ont été dépouillés de leurs armes et bagages sans qu'il y ait eu semble-t-il un seul coup de feu de tiré.
Le Nigeria, gros contributeur de troupes
Selon le site de la mission du Nigeria à l'ONU, environ 6 000 de ses soldats sont actuellement engagés dans des opérations de maintien de la paix dans le monde dont 3 500 au Soudan.
En 2007, le pays avait perdu sept soldats dans une embuscade. Un autre a été abatu l'année dernière, toujours au Darfour. Une accumulation qui agace les autorités nigerianes.
Selon Bawa Abdullahi Wase, spécialiste des questions de sécurité à l'Institut national d'études politiques et stratégiques (INEP), le Nigeria profite de sa position de membre du Conseil de sécurité de l'ONU pour faire pression sur la communauté internationale.