Les trois candidats vont plutôt jouer les figurants que les challengers car pour exister sur l'échiquier politique rwandais, il faut faire allégeance. En fait, le président Kagame et son parti, le Front patriotique rwandais ont commencé dès 1997 à mettre sous contrôle les différents mouvements politiques.
Cela s'est réalisé en plusieurs étapes. L'instauration d'un forum des partis a servi à neutraliser les députés de l'opposition qui siégeaient à l'Assemblée nationale sur la base du partage du pouvoir, issu des accords d'Arusha. Des accords négociés avant l'attentat contre l'avion du président Habiarymana le 7 avril 1994.
L'opération mains propres lancée en 1998 a permis d'éliminer peu à peu les ministres qui sur cette même base occupaient des portefeuilles dans le gouvernement. Beaucoup de responsables du Parti social démocrate ont abandonné la lutte. Certains sont partis en exil. Ceux qui sont restés ont accepté la tutelle FPR.
Le Parti libéral créé, lui, après le génocide et constitué autour des rescapés avec l'organisation Ibuka a été jugé trop revendicatif Il a été mis au pas. Le Parti du progrès et de la concorde est un avatar du Mouvement démocratique républicain. Parti le plus important représentatif de la communauté hutue, le MDR a subi au fil des ans de multiples manœuvres qui ont abouti à son implosion. Il a été officiellement dissous en 2003, pour divisionnisme ethnique.
Sur un terrain aussi dégagé, Paul Kagame est assuré de conserver le pouvoir qu'il détient depuis seize ans.