Pour Omar el-Béchir, Khalil Ibrahim demeure l'ennemi public numéro 1. Lâché par son ancien protecteur tchadien qui l'a déclaré persona non grata en mai, le chef du Mouvement pour la justice et l'égalité bénéficie depuis de l'hospitalité de Mouammar Kadhafi.
Si le dirigeant libyen a toujours gardé un œil et même souvent une main sur les affaires de ses deux voisins du Sud, sa décision d'offrir le gîte et le couvert à l'homme le plus recherché par les autorités soudanaises suscite une certaine crainte à Khartoum.
La semaine passée, Omar el-Béchir a ainsi téléphoné à Mouammar Kadhafi et nul doute que la question du chef rebelle darfouri a été au centre de la discussion. Dans la foulée de cet appel, le patron des services de renseignement soudanais a prétendu que l'extradition de Khalil Ibrahim est imminente. Faux, lui a aussitôt rétorqué le porte-parole du MJE. Selon lui, Khalil Ibrahim se trouve en Libye et il y restera jusqu'à ce qu'il termine ses consultations sur l'avenir du Darfour et du Soudan.
Si à Tripoli on assure n'avoir aucune ambition belliqueuse à l'égard du voisin soudanais, selon plusieurs sources, l'ambition de Mouammar Kadhafi serait de reprendre à son compte les négociations sur le Darfour alors que celles de Doha s'enlisent en l'absence des deux principaux mouvements rebelles.