Un journaliste assassiné, forte tension à Kigali

Au Rwanda, plus la date de l'élection présidentielle approche (c'est le 9 août prochain), et plus la tension monte. Dernière victime en date : Jean-Léonard Rugambage, journaliste et directeur adjoint du bi-mensuel indépendant Umuvugizi, suspendu il y a deux mois. Il a été assassiné devant chez lui, jeudi 24 juin 2010 au soir, à Kigali, dans une capitale connue pour être l'une des plus sûres du continent.

C'est la première fois depuis douze ans qu'un journaliste est assassiné au Rwanda. Reporters Sans Frontières dit son effroi et accuse les autorités d'organiser une campagne électorale verrouillée, en écartant l'opposition, et en étouffant toute voix critique.

Selon la police, Jean-Léonard Rugambage a été abattu par un inconnu qui a pris la fuite. D'après son journal, il se sentait surveillé, menacé, et il enquêtait sur un dossier sensible : la tentative de meurtre du général Kayumba Nyamwassa la semaine dernière en Afrique du Sud. Kigali dément toute implication dans cette tentative de meurtre de l'ex-chef d'état major de l'armée rwandaise. Mais les anciens proches du régime disent tous le danger qu'il y a à critiquer le pouvoir. Or depuis qu'il a fui le Rwanda après avoir été accusé d'être responsable d'attaques à la grenade à Kigali, le général Kayumba a vivement critiqué Paul Kagamé, l'accusant de dérive autoritaire et de corruption.

L'opposition de son côté a du mal à exister. Bernard Ntaganda, candidat du Parti social Imberakuri pour la présidentielle du 9 août, a été placé jeudi en garde à vue à Kigali. Ses alliés, le parti des Forces démocratiques unies, de Victoire Ingabiré, et le parti Vert, n'ont toujours pas été officiellement enregistrés. Plusieurs dizaines de militants ont été arrêtés avant-hier, jeudi, alors qu'ils se préparaient à manifester.
 

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