« Grande incertitude juridique, corruption massive, extorsion », c’est le sombre constat dressé, mercredi 23 juin 2010, par l’ambassadrice en fin de mandat du royaume des Pays-Bas, concernant la situation au Congo-Kinshasa. Pour Madame Ellen Berends-Vergunst, « la RDC est un pays qui viole le droit des affaires ». Selon elle, « les expulsions des hommes d’affaires étrangers, la double vente des concessions attribuées et le non respect des contrats conclus avec des entreprises privées confirment ces violations ».
Toujours selon la diplomate néerlandaise, « certains hommes politiques utilisent leurs fonctions pour s’enrichir ». Ces déclarations ont été faites à quelques jous de la célébration du 50e anniversaire de la RDC, une occasion pour Ellen Berends-Vergunst d’appeler les Congolais « à plus de responsabilité pour donner un autre avenir à leur pays ». L’ambassadrice des Pays-Bas à Kinshasa est connue pour son franc-parler. Cela lui a déjà valu par le passé des déboires avec les autorités congolaises.
« Des problèmes connus »
Pour le gouvernement de Kinshasa, les déclarations de la diplomate néerlandaise ne sont pas une surprise. Lambert Mende, porte-parole du gouvernement de la RDC, a considéré, lors d’un entretien à RFI, jeudi 24 juin, que l’ambassadrice n’est pas de bonne foi : « Ce sont des problèmes connus. Elle est parfaitement au courant, parce qu’elle a dit qu’il y a des efforts qui sont faits, provenant d’une situation de guerre qui nous a été imposée par des initiatives questionnables de la communauté internationale depuis 1994. Quoiqu’il en soit, nous avons aussi notre part de responsabilité. C’est pourquoi nous avons lancé l’opération de lutte contre la corruption (« Tolérance zéro ») qui commence à porter ses fruits ».
Lambert Mende a tenu à ajouter : « On peut juger un verre à moitié plein, ou à moitié vide. Pour elle, le verre est à moitié vide. Nous, nous pensons que nous avançons. Puis, l’état de délabrement dans lequel nous avons trouvé le pays, du fait de gens qui ont été placés à la tête de ce pays par la communauté internationale, précisément. Nous avons des problèmes, c’est vrai. Mais pas comme si nous étions les champions du monde de la corruption, ce n’est pas le cas. Mais j’ai l’impression qu’elle veut faire un éclat. Bon, nous n’allons pas polémiquer sur ça. C’est juste un ambassadeur ».
Interrogé au sujet du rapport « Doing business » de la Banque mondiale qui classe la RDC au 182e rang sur 183 pays au niveau du climat des affaires, le porte-parole du gouvernement de Kinshasa a répondu : « Je ne l’ai jamais nié. Je viens de vous dire que nous avons des problèmes et que nous sommes en train de les résoudre, que nous partons d’un état de conflit et que nous ne sommes pas un pays qu’il faut juger comme tous les autres pays qui ont eu à vivre normalement au cours de ces dernières années ».