Dans le township de KwaMashu, la survie passe avant le Mondial

A une vingtaine de kilomètres de Durban se trouve le township noir de KwaMashu. Il a été créé par le régime d’apartheid en 1960 et a enregistré le plus fort taux d’homicides de l’Afrique du Sud l’an dernier. De nombreux habitants de KwaMashu estiment que l’accession au pouvoir du parti de Mandela n’a pas tenu ses promesses… Et ils sont déjà déçus du Mondial.

La fièvre de la Coupe du monde n’est pas vraiment palpable dans les rues de KwaMachu. Les partenaires de la FIFA n’ont pas réservé d’emplacement publicitaire, il n’y a pas de drapeaux sud-africains accrochés aux antennes des voitures. En revanche le mondial a un impact sur les comportements racontent ces jeunes, canette de bière dans une main, joint dans l’autre, un jour comme un autre. « Ici il y a des crimes presque tous les jours mais là il y en a moins car tout le monde a hâte de regarder les matchs de la coupe du monde, donc ils ne veulent pas être en prison pendant le mondial ils veulent pouvoir regarder les matchs en liberté ». C’est tout du moins ce qu’avance, Mthokosize, un ancien délinquant.

Plus loin dans un petit bar à côté d’une supérette, des hommes plus âgés, eux aussi éméchés, se lamentent. Temba est le seul du groupe à avoir un emploi. « A Johannesburg les gens des quartiers vont pouvoir regarder les matchs sur des écrans géants, mais ici à KwaMachu il n’y a rien de tout ça. On ne peut pas se payer de billets pour aller voir les matchs non plus, donc on va devoir les regarder chez nous tout seul à la télé, c’est moins drôle, moi je suis déçu ».

Au centre d’art Ekaya des jeunes répètent pour un spectacle dirigé par Edlande Edwango. « Ici nous avons nos projets mais les organisateurs du mondial ne nous ont pas approché », regrette Edlandé qui espérait que 2010 allait offrir une vitrine pour les talents locaux. Dave Renwick est chef de projet à la municipalité de Durban il nous a fait visiter le nouveau stade de Kwamashu où viendront s’entraîner les équipes qui disputeront des matchs à Durban durant le mondial.

« Les gens de KwaMashu vont pouvoir profiter de cette infrastructure qui a coûté dix millions d’euros. Sous les tribunes dix bureaux seront mis à la disposition des associations sportives locales, donc Durban n’a pas oublié KwaMashu », explique Renwick. Mais Léonard qui a transformé un container en petite épicerie, estime lui que 2010 n’a pas créé d’emplois à KwaMashu, il s’inquiète déjà de l’après mondial et redoute une remontée de la criminalité.

 

 

Partager :