En mars 2006, Musa Saidykhan, alors rédacteur en chef de The Indépendant, est arrêté en compagnie d'une vingtaine de personnes civiles et militaires par les services secrets. Le régime gambien affirme qu'une tentative de coup d'Etat vient d'être déjouée et le journaliste est jeté en prison. Selon lui, il sera systématiquement battu et torturé à l'électricité.
Aujourd'hui, le journaliste vit en exil et voudrait que le gouvernement gambien soit condamné pour torture, emprisonnement et procès illégaux. Il réclame deux millions de dollars de dédommagement. Le simple que fait que le journaliste ait pu saisir la Cour communautaire est en soi une petite victoire, car en 2009, la Gambie avait tenté de modifier le protocole de la CEDEAO afin de rendre l'accès à la cour impossible pour les citoyens qui n'ont pas épuisé les recours judiciaires nationaux. La manœuvre a cependant échoué face au tollé des défenseurs des droits de l'Homme.
Cette affaire illustre les difficultés auxquelles sont en proie les journalistes en Gambie. Depuis l'assassinat toujours non élucidé du directeur du Point, Deida Haidara en 2004, les journalistes sont la cible des autorités. En juillet 2006, un autre journaliste, Chief Ebrima Manneh avait été arrêté. Il est depuis porté disparu. Deux ans plus tard, la Cour de justice de la CEDEAO avait condamné la Gambie à libérer le journaliste du Daily Observer mais les autorités gambiennes ont toujours nié l’avoir arrêté.