Une expérience lancée durant 5 mois dans trois districts ruraux de Tanzanie a donné des résultats spectaculaires : les dispensaires de zones rurales ont été réapprovisionnés à temps en médicaments antipaludéens grâce à un système d’alerte par SMS.
L’opérateur téléphonique Vodafone, l’informaticien IBM et le laboratoire pharmaceutique Novartis ont mis au point cette expérience pilote dans le cadre du partenariat « Ensemble contre le paludisme ». 226 villages étaient concernés soit 1,2 million de personnes. Avant la mise en place de cette expérience pilote qui a début en octobre 2009, les ruptures de stocks étaient fréquentes dans la moitié de ces centres de soins situés en zone rurale.
Chaque semaine, les personnels de santé travaillant dans ces dispensaires reçoivent donc un SMS envoyé automatiquement. Il leur est demandé de faire le bilan de leurs stocks de médicaments traitant le paludisme. Les soignants, par le biais de numéros de téléphone gratuits eux aussi, font le point sur leurs besoins et les notifient par SMS. Ces informations sont centralisées dans une base de données installée au Royaume-Uni.
En fonction des demandes venant du terrain, les médicaments manquants sont livrés à l’établissement de santé demandeur. Les ruptures de stock sont ainsi évitées et un système de couleur permet de plus de cibler l'approvisionnement : si la combinaison de médicaments demandée est destinée par exemple à un enfant de moins de 5 ans, le message est assorti d’une couleur ; pour un adulte, c’est une autre couleur. Les dosages sont alors préparés en amont, en fonction du profil du malade.
L’expérience pilote a donné tout de suite des résultats encourageants. Dès les premières semaines de surveillance des stocks existants par SMS, les ruptures de stock ont diminué de 75%. L’étude publiée par les différents acteurs du projet ne dit pas combien de décès ont ainsi été évités mais le succès est tel que le gouvernement tanzanien veut étendre à d’autres districts cette méthode d’ajustement des stocks. De la clinique en passant par l’hôpital ou le dispensaire, il existe environ 5.000 établissements de santé en Tanzanie et la moitié d’entre eux sont régulièrement confrontés à des problèmes d’approvisionnement en médicaments.
D’autres médicaments pour soigner d’autres maladies que le paludisme pourraient, à leur tour, être gérés par le biais de SMS et d’internet. Et concernant la lutte contre le paludisme, d’autres pays africains sont intéressés par ce système récemment mis en route en Tanzanie.
L’expérience « des SMS pour la vie » a montré d’autres avantages : dans les établissements de santé, les stocks de médicaments sont ajustés au plus près des besoins des populations. Et il n’est plus nécessaire de former les personnels à l’utilisation d'un ordinateur puisque les échanges d'informations sont devenus très simples en passant par le biais des téléphones portables et des SMS.
Cette manière innovante de communiquer sans bureau, sans ordinateur et même sans papier ni crayon a été inventée en Afrique à travers le « mobile banking ». Envoyer de l’argent, faire un virement, obtenir un crédit, dans certains pays comme le Kenya, les SMS remplacent la démarche à la banque. Les opérateurs téléphoniques comme Vodafone sont partie prenante de ce mouvement et mettent maintenant leur expérience au service de la santé.