De notre envoyé spécial à Brazzaville,
Les appels se multiplient entre Brazzaville et Ouagadougou, mais ce n’est plus pour parler de la finale masculine du tournoi de football des Jeux africains 2015. Les joueurs burkinabè, qui affronteront les Sénégalais ce 18 septembre, sont plongés dans l’incertitude depuis 24 heures et le nouveau coup d’Etat qui secoue leur pays. « On est très inquiets. Quand tu es hors de ton pays et que tu entends parler de trucs comme ça, tu as de quoi être inquiet, explique le capitaine Ismaël Yanogo. J’ai eu mon papa au téléphone et toute ma famille va bien. Mais quand ton peuple va mal, tu souffres ».
« Il n’y a pas plus de 10 minutes, j’ai appelé ma femme pour savoir si elle et mes enfants se portaient bien, raconte de son côté l’entraîneur Issa Balbone lors d’un entraînement ». Il ajoute : « Nous avons effectué un travail psychologique pour que les enfants n’y pensent pas trop. Mais on ne peut pas ne pas y penser parce que nos familles sont là-bas. »
Brama Traoré, entraîneur adjoint de l’équipe nationale A et superviseur durant ces Jeux africains, tente toutefois de relativiser. « Ce qui se passe chez nous, ça nous concerne mais de loin, en ce sens que nous sommes très loin de chez nous et que nous représentons le Burkina Faso aux Jeux africains avec toutes les tendances confondues, lance-t-il. Nous avons parlé avec les joueurs car ce sont peut-être des Espoirs. Mais ce sont des grands garçons qui comprennent la situation, qui savent que le pays traverse une période un peu délicate ».
Ecrasés par l’enjeu symbolique ?
Le message policé est visiblement passé si l’on en croit Mohamed Sylla, l'actuel meilleur buteur du tournoi. « L’état d’esprit du groupe, c’est plutôt simple, assure-t-il. C’est concentration, concentration, concentration. […] J’insiste beaucoup sur ce mot parce que les événements qui se passent chez nous, ça distraie un peu ». Le milieu de terrain offensif ajoute : « Cette coupe pourrait peut-être apporter quelque chose à notre pays. Ce serait une petite contribution de notre part. »
Un leitmotiv affiché par l'ensemble du groupe burkinabè. D’autant que le Burkina Faso n’avait jamais atteint la finale du tournoi de football des Jeux africains. Le risque est toutefois grand que les joueurs se sentent investis d'une mission trop lourde à assumer. « L’enjeu ne doit pas tuer notre jeu », lance Brama Traoré. Ismaël Yanongo confirme : « Quand tu te mets trop de pression tu finis par faire des choses sur le terrain que tu ne voulais pas faire. […] On va se concentrer sur le match de demain et on verra le reste après. »
Qu’ils gagnent ou qu’ils perdent cette finale des Jeux africains 2015, les Burkinabè veulent avancer leur retour à Ouagadougou d’une journée… Ils espèrent que les frontières aériennes auront été rouvertes d’ici là.