De notre envoyé spécial à Bata,
Il a presque 60 ans. Il découvre l’Afrique. Avram Grant est à l’aube d’une nouvelle jeunesse avec cette finale contre la Côte d’Ivoire. Pourtant, son équipe revient de loin. « Personne ne nous donnait aucune chance avant ce tournoi », précise le coach. Et après la première défaite face au Sénégal, tout le monde se posait des questions sur la capacité du Ghana à sortir d’un groupe où l’Algérie et le Sénégal faisaient figure de favoris. Avram Grant s’est accroché aux branches. Avec son côté débonnaire, l’ancien coach de Chelsea en a étonné plus d'un. Surtout, son humour a détendu l’atmosphère lors de pas mal d’occasions. Il en avait besoin. A la veille de ce match crucial, un journaliste ivoirien a failli tomber dans la salle de conférence de presse en se prenant les pieds dans des câbles. « Premier blessé de la finale », lance Grant. Eclat de rire général.
Mais l’ancien entraîneur de Premier League n’a pas toujours eu l’occasion de rire. En mai 2008, Chelsea est battue en finale de Ligue des champions (1-1 et 5 à 6 après les penalties) contre le rival de la saison, Manchester United. Trois jours plus tard, le club de Chelsea annonce que Grant quitte son poste. En février, il avait perdu en finale de League Cup contre Tottenham. En 2011, il n’arrive pas à sauver West Ham de la relégation. C’est beaucoup pour un seul homme. « J’espère continuer le parcours jusqu’au bout. On a joué de mieux en mieux à chaque match », se réjouit-il désormais.
Avram Grant est à la tête du Ghana depuis décembre dernier. Un temps très court pour monter son équipe. « Je voulais des gens prêts à tout pour défendre les couleurs du Ghana », explique Grant. A tout, même à supporter des conditions de vie parfois difficiles comme ce bus scolaire non climatisé qui transportait les joueurs à Mongomo. Ce qui lui avait valu une colère il y a trois semaines. S’en souvient-il ? « Je n’oublierai jamais le bus de Mongomo, raconte Grant avec hilarité. Cela m’a fait penser à mes 11 ans, quand je prenais le même pour aller à l’école. Il y beaucoup de choses qui m’ont énervé. Mais au final, tout ça est excitant. » André Ayew présent à ses côté éclate de rire.
Hervé Renard pour une deuxième CAN
Avram Grant a fait rire son auditoire. Hervé Renard est resté beaucoup plus sérieux malgré les sourires esquissés à chaque fin de phrase. A 46 ans, le sélectionneur de la Côte d’Ivoire est aussi à la veille d’entrer dans l’histoire du football africain. Après sa finale gagnée contre la Côte d’Ivoire avec la Zambie en 2012, il est tout proche de doubler la mise. « Ce n’est pas trop le moment de parler, c’est le moment de jouer », lance Renard. Mais l’ancien coach de Sochaux ne peut oublier son premier titre. « Mon aventure de 2012 me revient tous les jours. J'ai vécu quelque chose de magique. Je n'ai pas envie de quitter ce stade demain (dimanche) avec une autre issue que celle de 2012, c'est tellement magique de remporter un trophée qu'il ne faut pas laisser passer cette chance, c'est impossible. »
Paradoxe, Hervé Renard a fait ses débuts sur le sol africain avec le Ghana. « C’était un rêve fantastique. Mais il n'y aura pas de cadeau à faire. » Il n’a d'ailleurs qu’une seule défaite en 19 matches de CAN : un quart de finale contre le Cameroun en 2010. Pourtant, comme pour le Ghana, la Côte d’Ivoire a eu du mal à entrer dans la compétition (1-1 contre la Guinée Conakry). Au fur et à mesure, la donne a aussi changé. « En 2006 et en 2012, la Côte d'Ivoire n'était pas loin (défaites ivoiriennes en finale aux tirs aux buts, ndlr). Maintenant, c'est le bon moment. »
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