De notre envoyé spécial à Bata,
Ils sont une poignée à danser et à faire la fête devant l’hôtel Plazza où loge l’équipe du Gabon, tard dans la nuit du 25 au 26 janvier 2015 à Bata. Pierre-Emerick Aubameyang et ses partenaires ont sans doute dû mettre des bouchons dans leurs oreilles pour dormir. Ça leur a aussi évité d’entendre la chanson à la mode chez les supporters de l’équipe de Guinée équatoriale, après une victoire du Nzalang 2-0 contre les Panthères : « Ali Bongo rentre chez toi ! » Le président gabonais n’est pas la seule cible des gentilles railleries équato-guinéennes ce soir-là. Le bus de la sélection gabonaise, même vide, est poursuivi dans la rue par une foule de supporters chambreurs.
Quelques heures plus tôt, les joueurs de l’équipe de Guinée équatoriale ont inversé la tendance lors d’un match mal embarqué, dans le groupe A de la CAN 2015. Le public de l’Estadio de Bata a explosé de joie lorsque Javier Balboa a obtenu un penalty, puis l’a marqué. Les fans du Nzalang ont alors fait trembler les tribunes en tapant des pieds et en hurlant à pleins poumons. L’ambiance était déjà impressionnante et émouvante lorsque les supporters avaient entonné Caminemos pisando las sendas de nuestra inmensa felicidad, l’hymne de la Guinée équatoriale. Elle était indescriptible lorsque le coup de sifflet final a retenti.
Emilio Nsue Lopez : « Une ambiance incroyable »
« Je suis trop content », hurle François, chauffeur, au pied des tribunes. Il éclate de rire lorsqu’il voit Johann Obiang, défenseur de l’équipe du Gabon, sortir tardivement du stade. Le joueur – qui a été retardé par un contrôle antidopage – ne relève pas. Un peu plus loin, en ville, Maria s’extasie : « On va prendre la coupe ! »
Les Equato-Guinéens, d’ordinaire placides, se sont lâchés après la qualification de leurs favoris en quarts de finale de cette CAN 2015 à domicile. Emilio Nsue Lopez, leur attaquant vedette, savoure ces manifestations de joie : « Bata est une grande ville et l’ambiance incroyable. A Ebibeyin (où le Nzalang va disputer son quart de finale, le 31 janvier, Ndlr), l’ambiance sera incroyable aussi. »
Pour les autorités équato-guinéennes et la Confédération africaine de football, cette situation est évidemment une excellente nouvelle. En effet, l’organisation de la CAN 2015 était loin de faire l’unanimité dans ce petit pays d’Afrique centrale, entre la peur du virus Ebola et la colère contre les grosses dépenses engagées pour le tournoi. Cette victoire face au Gabon et la qualification en quarts devrait aider à faire passer la pilule. Et les stades devraient continuer à être bien remplis, dans un pays où on aime certes le Nzalang, mais où on se passionne plutôt pour le Real Madrid et le FC Barcelone, les deux clubs phares du Championnat d’Espagne.
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