RFI : Michel Platini, quand Joseph Blatter, le président de la Fifa, dit que la CAN est la troisième compétition internationale après l’Euro mais qu’elle pourrait un jour dépasser l’Euro, vous prenez ça comme…
Michel Platini : (Il coupe) Comme un vrai plaisir ! On est dans un monde de concurrence entre les compétitions. C’est formidable. Et, si un jour, la CAN devient la première et (la coupe de) l’Océanie la deuxième ou la troisième, ça ne me dérange pas. C’est le football, on joue pour gagner. C’est bien que la CAN essaie de rejoindre l’Euro.
Est-ce que les footballs européens et africains sont en complémentarité ou en concurrence ?
Je pense qu’il y a beaucoup de talents en Afrique qui viennent s’améliorer en Europe. Et lorsqu’ils repartent en Afrique, ils sont peut-être meilleurs. Ce sont alors des stars internationales et toutes les télévisions du monde s’y intéressent. Les gens aiment bien aller vers des footballs prestigieux. Moi, je suis bien parti à la Juve (Juventus de Turin en Italie, Ndlr). Pourtant, ce n'était pas loin (de la France). C’est normal que des jeunes joueurs essaient d’aller dans des grands clubs. Aujourd’hui, les clubs européens sont les premiers, tant mieux pour le football européen. Demain, si c’est le football asiatique, les jeunes footballeurs iront en Asie.
Ce 10 mars 2013, ça fera vingt-cinq ans qu’Issa Hayatou est président de confédération. Sa carrière vous fait-elle envie ?
(Il rit) Il a commencé plus tôt que moi ! Je ne sais pas… Il faut trouver une passion tous les quatre ans, je crois. Ça fait vingt-cinq ans qu’Issa est là. Il a fait de belles choses pour l’Afrique, même si ça a perturbé éventuellement les clubs européens. (Il sourit) Ils ne souhaitent pas qu’il y ait la CAN tous les deux ans (en hiver, en partie pendant la trêve de certains championnats européens, Ndlr). Mais la CAN a permis au football africain d’avoir des beaux stades dans beaucoup de pays. En jouant la CAN tous les deux ans, tu multiplies par deux la création des stades. Et il y a donc beaucoup de pays qui ont développé le football grâce à Issa Hayatou.
Propos recueillis par notre envoyé spécial à Marrakech