« En France, quand les journalistes te collent une réputation, ça te suit partout. Mais les gens qui me connaissent savent que cette réputation, c’est n’importe quoi. » Moussa Maazou n’a pas oublié son passage dans le championnat français de football, en 2010. L’attaquant vedette de l’équipe du Niger s’y était bâti une image contrastée après un prêt prometteur à l’AS Monaco (janvier à juin 2010) et un autre catastrophique aux Girondins de Bordeaux (août 2010 à janvier 2011). Celle d’un joueur à fort potentiel athlétique mais au comportement parfois imprévisible. Une étiquette qui contrarie l’intéressé : « Je ne parle pas beaucoup, je suis très très timide. Quand mon père lit ce qu’on dit sur moi sur le net, ça l’énerve. Mais c’est comme ça… Les journalistes écrivent des papiers pour que les gens achètent. »
Moussa Maazou en a fait l’expérience avec désinvolture. En janvier 2011, il s’en était pris aux supporters bordelais contrariés par ses performances, dans les colonnes du quotidien 20 minutes (1). L’ex-pensionnaire de l’AS FAN de Niamey avait ensuite été exclu du groupe professionnel, puis renvoyé à Monaco par son club employeur, le Cska Moscou. En Principauté, il s’était blessé au bout de quelques minutes de jeu disputées avec l’ASM. Sa saison 2011-2012 avait viré au cauchemar et l’hebdomadaire Les cahiers du football s’était fait un plaisir de lui remettre le « Ballon de plomb 2011 » qui distingue le pire joueur de l’année en Ligue 1.
« Je ne coûte pas cher ! »
Moussa Maazou a ensuite connu un parcours tortueux avec des prêts anecdotiques à Zulte Waregem, en Belgique, et un autre au Mans, en deuxième division française ; puis, un transfert, enfin, en Tunisie, à l’Etoile sportive du Sahel. Une trajectoire que l’avant-centre regrette un peu aujourd’hui, alors qu'on l'annonce du côté de Chippa United en Afrique du Sud : « J’espère revenir le plus rapidement possible en Europe. J’ai des clubs qui me suivent. J’ai envie de retrouver mon meilleur niveau, celui que j’avais il y a deux ans. Ça me tient vraiment à cœur. J’ai reçu beaucoup de propositions des Emirats mais j’ai dit que je n’étais pas intéressé. J’espère que ça va bien se passer cette CAN. Et en plus, je ne coûte pas cher (rires) ! »
A 24 ans, Moussa Maazou aurait besoin de stabilité après avoir déjà joué dans huit clubs pros différents. Il ne connaît pas encore sa future destinations mais ses « championnats préférés sont les championnats français et anglais » et il croit en sa bonne étoile : « Le talent, je l’ai. Il faut juste travailler et beaucoup de chance aussi. […] J’espère que cette CAN va bien se passer, pour trouver un bon club et relancer ma carrière. »
« On vient d’un des pays les plus pauvres du monde »
Le géant au petit visage sait que cette Coupe d’Afrique des nations pourrait être déterminante pour la suite. Il est donc prêt à se démener seul sur le front de l’attaque nigérienne, comme il en a l’habitude. « C’est frustrant mais c’est mon travail, sourit-il. J’adore jouer au football, j’adore courir dans tous les sens. C’est un plaisir de courir dans tous les sens et de chercher ce petit but. On sait que quand le Niger marque un but, c’est difficile de lui mettre en un ».
Moussa Maazou rappelle en outre la responsabilité du Mena à l’approche d’un premier match face au Mali, le 20 janvier 2013 à Port Elizabeth : « Il ne faut pas oublier qu’on vient d’un des pays les plus pauvres du monde. Malgré la pauvreté, les gens nous suivent. Ils paient leurs tickets pour venir aux matches. Lors du dernier match de qualification du Niger (face à la Guinée, Ndlr), il y avait une grève des taxis, pas d’essence. Mais les gens se sont quand même déplacés. Cinq milles personnes étaient présentes dans le stade, pour nous. On va se défoncer un max pour ces gens, en faisant un beau match et en donnant une belle image du Niger. » Loin, très loin de celle que Maazou traîne encore en France.
De notre envoyé spécial à Port Elizabeth