Claude Le Roy donne de la voix sur la pelouse du Zwide Stadium de Port Elizabeth, ce 18 janvier 2013. Le sélectionneur de l’équipe de la RD Congo replace et recadre ses joueurs comme si de rien n’était. Comme si cette séance d’entraînement n’avait pas failli être annulée. Comme si la sélection n’avait pas frôlé la crise suite à une affaire de primes de participation à la CAN 2013.
Quelques heures plus tôt, on croisait pourtant l’entraîneur à l’entrée de son hôtel. Le Français revenait d’une promenade l’air presque hagard après une nuit agitée. Il confiait alors son amertume et son inquiétude pour la RDC avant un premier match face au Ghana, le 20 janvier.
Claude Le Roy : « Il y a eu des garanties »
Après des tractations avec les autorités congolaises et quelques minutes passées sur le terrain, le technicien avait toutefois retrouvé de la sérénité : « J’ai passé du temps au téléphone cet après-midi. Après, le président de la Fédération est venu. Il y a eu des garanties et la certitude que les choses allaient évoluer. On fait confiance et c’est pour ça qu’on est là (à l’entraînement). »
La veille, Claude Le Roy avait pourtant appris que ses joueurs n’allaient pas percevoir les primes telles qu’ils l’espéraient. Quant à ses adjoints congolais, ils devaient renoncer à toute rétribution. S’en suivait une lever de boucliers des joueurs. Claude Le Roy, lui, s’était muré dans sa chambre, pour manifester son mécontentement et prendre du recul. Il n’en fallait pas moins pour que le site de Tout Puissant Mazembe annonce sa démission…
« J’aime le foot de plus en plus et je déteste de plus en plus le monde du football, soupire l’entraîneur aux sept participations à la CAN. Aujourd’hui, j’ai été servi : j’ai eu tout ce que je déteste. Des négociations inutiles, un manque de respect envers les membres de mon staff, en particulier mon staff local… Et puis, après, le bonheur de retrouver mes joueurs sur un terrain de football ».
Se reconcentrer sur le Ghana
Reste que le conflit a laissé des traces chez les joueurs. « On est un peu fatigués par ces heures de tension, confirme Larrys Mabiala. C’est lassant de devoir avoir recours à ce genre de procédé (menace de grève, Ndlr) pour débloquer un petit peu les choses. Surtout quarante-huit heures avant un premier match de phase finale ».
Le défenseur ne cache pas sa rancœur : « C’est un total manque de respect. Ils (certains dirigeants) essaient de nous faire croire qu’ils avaient raison au sujet des primes. C’était la parole d’une quarantaine de personnes contre une dizaine d’autres. On sait qu’on détient la vérité et qu’on n’a rien à se reprocher. »
Les Léopards vont toutefois devoir classer l’affaire très vite et se remobiliser car le premier match face au Ghana approche à grand pas. « Place aux Black Stars. Ils n’ont pas de gros problèmes, eux, mais ça m’arrangerait bien, plaisante Claude Le Roy. Ce sont les super favoris du groupe. Ce n’est pas pour ouvrir le parapluie mais c’est vraiment une équipe de très grande qualité. On va essayer d’être bons techniquement, collectivement et dans le comportement », conclut le sélectionneur, à nouveau concentré sur sa vraie tâche : entraîner.
De notre envoyé spécial à Port Elizabeth