L'international ghanéen Asamoah Gyan fait couler beaucoup d’encre en ce moment dans son pays. L’affaire Gyan serait presque même devenue une affaire d’Etat quand on voit le Président ghanéen John Atta Mills y faire allusion en plein discours sur l’état de la Nation, pour dire aux Ghanéens d’apprendre aux Black Stars à tirer les penalties ! Auteur d’un pénalty manqué en demi-finale de la CAN 2012 contre la Zambie (0-1), et critiqué sans relâche par son public qui lui en veut également pour un autre pénalty manqué contre l’Uruguay en quart de finale du Mondial 2010, Asamoah Gyan a pensé se soustraire à la pression en annonçant la semaine derrière son retrait provisoire de la sélection des Black Stars. Il s’est même dérobé au voyage de retour de l’équipe nationale au Ghana après la CAN, de peur, dira-t-on, d’attentats de la part de quelques fans très remontés.
Le rôle de la Fédération
Mais une autre pression s’abat sur Gyan, celle de sa propre Fédération qui ne veut pas se passer des services d’un joueur si expérimenté. A 26 ans, Gyan compte 59 sélections et 28 buts en équipe nationale. Sa bonne forme actuelle saute aux yeux en championnat des Emirats Arabes Unis où il évolue depuis le début de la saison prêté par son équipe de Sunderland (Premier League). Au cours de ses 10 matches aux Emirats Arabes Unis il a marqué 10 buts. La Fédération ghanéenne a en toute logique entamé depuis quelques jours des discussions intenses avec le joueur pour qu'il «reconsidère sa décision».
Les « conditions » d’Asamoah
Mais le joueur se laisse prier. En tout cas il ne cache pas qu’il aimerait bien qu’on le prie, même si ce défaut de modestie doit être compris dans sa déclaration comme un acte d’amour pour son pays. Voici comment il s’exprime dans un communiqué publié ce lundi 20 février par la Fédération ghanéenne : « J'aimerais avoir les prières et le soutien des Ghanéens pour m'aider à revenir et servir mon pays avec une force renouvelée. Je ne me suis jamais vraiment remis de la Coupe du monde 2010, et maintenant de la CAN 2012. » Gyan poursuit sa confession avec des accents aussi sincères que dramatiques dans le but de gagner la paix avec les supporters ghanéens : «Psychologiquement, je suis atteint. Comme on peut l'imaginer, cela a été très dur mentalement pour moi de rater deux penalties importants de suite pour mon pays, et c'est pour cette raison qu'un arrêt provisoire pour rassembler mes esprits et émotions m'aidera à revenir meilleur et mentalement plus fort. Je veux que mon pays sache que j'aime jouer pour lui et que je ne serais pas l'homme que je suis sans lui. »
Est-ce que cette longue prière sera entendue ? Avant ce communiqué, lors d’une interview pour la chaîne SkySports, l’international ghanéen avait tenté de dédramatiser ses penalties ratés en donnant en exemple d’autres joueurs connus : « Nous ratons tous des occasions. Drogba a manqué un penalty lors de la finale. Eto'o a manqué auparavant », s’est ainsi justifié Gyan. Quoi qu’il en soit, une chose paraît certaine : si Asamoah Gyan doit rejouer pour son pays, on ne le laissera plus tirer des penalties. D’ailleurs il n’est pas sûr qu’il le redemande !