La petite guerre des nerfs a commencé selon l’équipe de Zambie. Arrivés le 18 janvier à Bata pour la CAN 2012 de football, les Zambiens affirment qu’ils ont découvert un hôtel pas vraiment conforme à leurs attentes. Pas d’eau pour prendre des douches, un service de restauration long à la détente et un rat se promenant dans la salle à manger à l’heure du repas ont eu raison de leur patience.
Les Chipolopolo ont trouvé un autre point de chute près de l’aéroport de Bata, après avoir essuyé quelques refus : les autres établissements ont été pris d’assaut par les délégations sénégalaises, libyennes et équato-guinéennes.
Hervé Renard, le sélectionneur français de la Zambie, s’en amuse presque : « On a été un peu contrariés en arrivant ici mais ça va nous donner une force supplémentaire. On joue contre le pays organisateur (le 29 janvier à Malabo) donc ça doit faire partie du jeu… Il faut être fort dans sa tête et ne pas se plaindre. »
Le Sénégal, un « monstre »
L’équipe de Zambie est entièrement concentrée sur son premier match contre celle du Sénégal, le 21 janvier à Bata. Pas un cadeau pour débuter la compétition. « C’est un montre cette équipe, lâche Hervé Renard. C’est une puissance offensive, pfff… Il ne va pas falloir faire la moindre erreur. Les Sénégalais ont été remarquables durant tous les éliminatoires ».
Débuter par une victoire, face au favori du groupe A, serait évidemment une belle performance, mais le technicien français, déjà présent lors de la CAN en Angola, se méfie : « Rappelez-vous en 2010 : dans notre poule, l’équipe du Gabon avait battu celle du Cameroun (1-0) et elle ne s’était pas qualifiée. Etre euphorique après le premier match, ce n’est peut-être pas bon... On a un seul objectif : les quarts de finale. »
Faire aussi bien qu’à la CAN 2010 et même mieux, est la véritable but de ce groupe peu renouvelé en deux ans. En Angola, les Chipolopolo avaient été éliminés en quart de finale après un match soporifique et une séance de tirs au but. Forcément, les Zambiens nourrissent encore une certaine frustration.
Le souvenir de 1993
Pour ajouter au tableau, les joueurs n’ont pas oublié que c’est au large des cotes gabonaises, avant un match contre le Sénégal, que leurs prédécesseurs ont péri dans un crash aérien, le 27 avril 1993. Tout un symbole. Vingt et un ans plus tard, le tragique accident qui a coûté la vie à trente personnes dont dix-huit footballeurs est encore présent dans les mémoires.
Patrice Beaumelle, l’entraîneur adjoint, confirme : « Les joueurs en parlent entre eux, pas tous les jours bien sûr. Mais c’est resté ancré dans l’esprit de certains d'entre eux. Ça les a marqués quand ils étaient jeunes. Tout le peuple zambien a été marqué par cet événement. Pourquoi ne pas se servir de ce fait tragique pour faire du lieu où s’est déroulé le drame un endroit magique, le 12 février prochain ? »
Avant d’atteindre la finale de la CAN 2012 à Libreville, les Zambiens devront sans doute prendre le meilleur sur les Lions de la Téranga. Les Chipolopolo y sont parvenus deux fois en Coupe d’Afrique : en 1990 (1-0, match pour la 3e place) et en 1994 (1-0, quart de finale). Les deux sélections ont fait match nul en 1990 (0-0) et 2000 (2-2). Les Sénégalais l’ont emporté une fois en 2002 sur le score de 1-0.
De notre envoyé spécial à Bata, David Kalfa
Propos recueillis par Christophe Jousset et Eric Mamruth