Ils ne sont pas passés loin de la qualification pour les huitièmes de finale du Mondial mais les footballeurs nigérians pourraient attendre un moment avant de participer à nouveau à une compétition internationale. C’est du moins ce qui transpire de l’annonce, surprenante, du chef de l’état du pays le peuplé d’Afrique, Goodluck Jonathan. Très mécontent de l’élimination des Super Eagles dans le groupe B de la Coupe du monde, il a ordonné que l'équipe ne participe à aucune compétition pour une durée de deux ans afin de « remettre les choses en ordre ».
Potentiel mal exploité
Sa décision fait suite aux recommandations d’un groupe de travail présidentiel dirigé par le gouverneur de l'Etat des Rivières, Rotimi Ameachi. «Nous avons recommandé au président que nous adressions officiellement une lettre à la FIFA pour annoncer que le Nigeria ne participera à aucune compétition internationale pour les deux prochaines années afin que nous réorganisions Nigeria Football et formions des entraîneurs hautement qualifiés » a déclaré Ameachi.
Surclassés mais battus seulement 1-0 par l’Argentine, défaits à nouveau 2-1 par la Grèce en jouant à dix contre onze durant plus d’une heure (expulsion de Sani Kaita)) et tenus en échec par la Corée du Sud 2-2, l’équipe dirigée par le suédois Lars Lagerbäck a déçu en Afrique du Sud car elle avait la possibilité de faire mieux. Doté d’un potentiel offensif énorme, les Super Eagles ont été inattentifs en défense et maladroits en attaque, deux faiblesses qui ont causé leur perte dans un groupe B à leur portée.
Risque de sanction
Reste que l’on voit mal comment faire progresser une équipe si elle ne joue pas pendant deux ans. En intervenant de façon aussi ouverte et maladroite, le président Jonathan risque en même temps de voir la Fédération Nigériane sanctionnée par la FIFA pour ingérence du pouvoir politique. L’instance mondiale du football pourrait même suspendre le Nigeria de toutes compétitions, dans toutes les catégories d’âge, ce qui serait dramatique pour un pays qui figure bien dans les compétitions de jeunes.
Il y a une dizaine d’années, on avait vu des footballeurs ivoiriens invités quelques jours en camp militaire pour apprendre la discipline après avoir déçu lors d’une CAN. L’hiver dernier, la Fédération béninoise avait dissous son équipe nationale pour mauvais résultats avant de se raviser trois mois plus tard. En France aussi les mauvais résultats et le comportement des Bleus en Afrique du Sud ont agité le monde politique, ce qui a valu un rappel à l’ordre de la FIFA. Cet avertissement n’a semble-t-il pas été encore entendu à Lagos.