Le football est un sport qui se joue à onze, et à la fin, c’est l’équipe qui a su développer un jeu collectif qui gagne. Telle pourrait être la morale du match Japon-Cameroun, dominé par les Nippons (1-0), dans le deuxième match du groupe E, ce lundi, à Bloemfontein. En s’inclinant, les coéquipiers de Samuel Eto’o n’ont pas uniquement obéré leurs chances d’accéder au deuxième tour de la Coupe du monde, ils sont aussi retombés dans des travers qui leur avaient fait manquer leur CAN en janvier dernier.
« Mon équipe est apparue nerveuse en première mi-temps, a déclaré Paul Le Guen, l’entraîneur des Lions indomptables, très tendu à l’issue de la rencontre. Nous n’avons pas exprimé ce que nous sommes capables de faire. » L’entame du match est en effet marquée par un round d’observation inhabituel en ce début de Mondial. Face à des Japonais qui ne refusent pas le contact physique, les Camerounais tentent de sauter le milieu de terrain pour trouver Achille Webo et Eto’o. Mais c’est Matip qui manque la première occasion sur un centre en retrait (8e). Les vingt premières minutes se résument à une bataille au milieu de terrain entre deux équipes positionnées haut qui ne trouvent pas la profondeur. Seule émotion : une sortie du gardien camerounais, Souleymanou Hamidou, préféré à Carlos Kameni, doublement ratée, dans les airs puis au sol, face à Hasebe, sifflé hors jeu.
Le sang froid de Honda
La suite est tendue. Si les Japonais sont bien en place avec un double rideau que leurs adversaires ne parviennent pas à passer, ils manquent de puissance face à la défense centrale du Cameroun et n’insistent pas assez sur les côtés. La fin de la première période est un peu plus animée. Sur un contre camerounais, Jean II Makoun glisse à Eric Choupo Moting, trop court (35e). Une minute plus tard, Enoh s’emmêle les pinceaux à la réception d’un centre alors que Benoît Assou-Ekotto sur son flanc gauche commence à donner du fil à retordre aux Nippons. A la 38e minute, un de ses déboulés place Eyong Enoh en position de frappe, mais le joueur de l’Ajax tire droit sur le gardien adverse. Sur le contre, Matsui s’échappe sur la droite et trouve Honda seul au deuxième poteau. L’attaquant du CSKA Moscou contrôle le ballon avec sang-froid et marque de près d’un plat du pied gauche (39e). « J’ai reçu une bonne balle. Je me suis dit "tu restes calme et tu marques" », a raconté le joueur à la sortie du match. Ce but, au moment où le Cameroun semblait prendre l’ascendant, récompense des Japonais opiniâtres qui ont su contenir très haut leurs adversaires et concrétiser leur seule occasion.
Au retour des vestiaires, Eto’o lance des incantations au ciel. Et cela lui réussit bien. Désaxé côté droit alors que Webo occupe l’axe - un choix que Le Guen assumera totalement à la fin du match -, l’Intériste s’engage dans une série de dribbles le long de la ligne de but et sert Choupo Moting qui croise trop son tir (49e). Ce sera la seule action de classe du capitaine des Lions indomptables.
Emana, une flamme trop vite éteinte
Face à des Camerounais incapables de changer de rythme, les Japonais profitent d’espaces pour lancer quelques contres. A la 63e minute, l’entrée d’Achille Emana côté camerounais redonne un moment l’espoir aux siens. Sur quelques dribbles, le joueur du Betis crée des décalages intéressants. Mais il semble bien esseulé au milieu d’une équipe qui domine stérilement dans une caricature d’attaque-défense. A un quart d’heure de la fin, Makoun, mal à l’aise tant dans la récupération que dans la relance, est remplacé par Idrissou.
Et alors que le temps passe, le Cameroun se montre incapable de mettre le feu dans une défense japonaise où le gardien Kawashima effectue de belles sorties, comme sur un coup franc excentré de Geremi (80e). A la 82e minute, tandis qu’Eto’o vient prendre place dans l’axe pour tenter de faire la différence, ce sont les Japonais, par l’intermédiaire d’Hasebe, à 25 mètres du but, qui se créent une belle occasion. Le tir de l’attaquant nippon est bien repoussé par Souleymanou. Mais c’est Stéphane M’Bia qui aura la balle de match. A cinq minutes de la fin, celui qui aura été l’une des rares satisfactions camerounaises adresse une frappe plein axe de 25 mètres qui trouve l’arête de la lucarne droite !
Dans le temps additionnel, Eto’o tente une reprise acrobatique du talon, manque la balle qui est récupérée par Webo lequel frappe à bout pourtant. Kawashima sort le ballon au prix d’un plongeon réflexe ! Les Camerounais n’auront emballé le match que dans les deux dernières minutes du temps additionnel. C’était trop peu.
Gagner contre le Danemark
Avec une défaite d’entrée, les hommes de Paul Le Guen n’ont déjà plus droit à l’erreur. « C’est forcément une déception tant sur le résultat que sur la manière. On a perdu trop de ballons faciles. Sur le but on fait une faute de placement même si nous avons bien défendu en général », a analysé le sélectionneur. « Nous nous sommes battus de manière désordonnée. Il nous faut maintenant gagner face au Danemark, on le sait », a-t-il conclu. Les Lions indomptables joueront en effet un match couperet, samedi à Pretoria, face à un adversaire qui ne pourra non plus se permettre la défaite.
Jean Damien Lesay, envoyé spécial à Bloemfontein