Le constructeur américain Boeing a confirmé ce mercredi que 10 % de ses effectifs dans le monde seraient licenciés. Ces départs volontaires et ces licenciements secs frapperont la division aviation civile du géant de Seattle. Le directeur général Dave Calhoun en a informé par courrier interne les salariés en marge de la publication des résultats du premier trimestre. Ces derniers portent les stigmates de la crise initiée au mois de mars avec le confinement d’une grande partie des habitants de la planète. Le constructeur a enregistré une perte nette de 641 millions de dollars. Son chiffre d'affaires a dans le même temps plongé de 26,2 % sur un an.
Les livraisons d’avions civils, elles, ont chuté d’un tiers. Boeing a d’ailleurs annoncé qu’il allait réduire la cadence de production de ses avions. En particulier celle des long-courrier 787 et les 777. Privé des ventes de son 737 Max depuis un an, Boeing a décidé de trancher dans le vif pour faire des économies. En faisant cela, il n'est plus éligible au plan d'aide de l'administration américaine qui conditionne tout soutien au maintien des emplois.
Airbus dans le rouge lui aussi
Cela ne consolera peut-être pas le constructeur américain, mais le concurrent européen Airbus est dans le rouge aussi à l’issue du premier trimestre. Le PDG Guillaume Faury a annoncé un chiffre d’affaires en recul de 15 % et une perte nette de 481 millions d'euros. Quant à la trésorerie, le groupe « saigne de l'argent à une vitesse sans précédent », dit-il. Pour se maintenir, il avait signé en mars une ligne de crédit de 15 milliards d’euros et réduit d’environ un tiers la production. Mais les clients, à savoir les compagnies aériennes, sont à la peine.
Plusieurs d’entre elles annoncent des plans massifs de licenciement. British Airways envisage la suppression de 12 000 emplois sur les 42 000 qu’elle compte dans le monde. Dans le même temps, la compagnie scandinave SAS et l'islandaise Icelandair prévoient elles aussi des milliers de licenciements. Les syndicats britanniques dénoncent la position de British Airlines qui aurait pu, selon eux, négocier un soutien public pour éviter d’en arriver à ces licenciements massifs. Dans une lettre ouverte, les principales compagnies aériennes européennes ont profité d’une réunion des ministres des Transports de l’Union européenne ce mercredi pour demander un soutien urgent aux États, dont plusieurs évaluent encore leur intervention.
Côté français, après l’aide à Air France, le gouvernement n’exclut pas non plus de soutenir Airbus. Le ministre français de l’Economie l’a dit : l'Etat est prêt à aider massivement l'avionneur. Bruno Le Maire fait valoir que les aides promises à Air France, soit 7 milliards d’euros, pourront par ricochet soutenir les commandes d’avions à Airbus.
Qui dit soutien à Airbus, dit soutien aussi à toute la galaxie des sous-traitants qui dépendent de ce gros client. Au Royaume Uni, en Allemagne, et dans la région Occitanie en France, des dizaines de milliers d’emplois sont en jeu. Pour autant, Airbus se réserve de prendre des mesures plus drastiques concernant l’emploi en juin prochain, à l’issue du second trimestre. Un trimestre qui pourrait laisser encore plus de dégâts dans les finances.